Sous les projecteurs, Ganimat Zahid se prépare auu début de son émission. Pas de techniciens, maquilleurs ou cadreurs : cet opposant azerbaïdjanais présente, enregistre et monte tout seul ses programmes dans un petit studio à Strasbourg en France.
“Avant je me filmais dans ma cuisine, il y a du progrès“, rigole-t-il en vérifiant sa caméra, un micro au revers de la veste.
A 56 ans, il est le créateur et présentateur vedette de Kanal Turan (Canal Touran), une chaîne qui émett vers l’Azerbaïdjan depuis Strasbourg.
Son équipe réalise en russe et en azéri des émissions et documentaires critiquant le régime autoritaire de l'Aerbaïdjan ,cette ancienne république soviétique du Caucase.
“L’Azerbaïdjan est un Etat pétrolier,mais les gens ont de nombreux problèmes sociaux. Il n’y a pas d’assurance retraite, peu d’emplois… Et il n’y a aucune liberté politique, aucune liberté civique, comme le droit de s’exprimer ou de se réunir“, dénonce le journaliste.
“Trois bouts de ficelle“ –
En 2012, Ganimat Zahid part en exil en Turquie où il commence à enregistrer des émissions diffusées sur des chaines turques accessibles en Azerbaïdjan. Il constitue un réseau de collaborateurs et traduit, en 2015, un documentaire de France 2 sur le régime. Ce film vaudra à ses réalisateurs, dont Elise Lucet, d’être attaqués en justice par Bakou.
En juillet 2016, après le coup d’Etat manqué, les autorités turques ferment la chaîne diffusant le travail de l’équipe de journalistes. Pour continuer à atteindre les téléviseurs en Azerbaïdjan, Ganimat Zahid et ses collaborateurs lancent en octobre 2016 leur propre chaîne, Kanal Turan, en louant la fréquence d’un satellite européen couvrant le Caucase et l’Asie centrale.
“Comme le satellite appartient à une entreprise européenne, le pouvoir ne peut pas y toucher“, se réjouit Ganimat Zahid, réfugié en France depuis 2013. Sur leur chaîne Youtube et leur page Facebook, suivie par près de 120.000 utilisateurs, les coordonnées du satellite sont bien visibles.
Selon Ganimat, le budget annuel de Kanal Turan, autour de 100.000 euros, est financé intégralement par des donateurs azerbaïdjanais vivant à l’étranger. Le média revendique entre 300 et 500.000 spectateurs quotidiens et une centaine de collaborateurs à travers le monde.
source : armenews